28 avril 2013, "un premier mai à toutes les sauces au temps des cerises" (avec les "chanteurs livreurs")

Dimanche 28 avril 2013    

Un premier mai à toutes les sauces au temps des Cerises. 

Au menu du jour 

Entrée : Le temps des Cerises

Le Temps des cerises (1866 / 1867) , paroles Jean-Baptiste Clément,  musique Antoine Renard. Le temps des cerises, par ailleurs indicatif de Radio Libertaire est  une chanson associée à la Commune de Paris de 1871. JB Clément  étant lui-même un communard. Le temps des cerises fut dédiée à une infirmière morte lors de la Semaine sanglante. Les Chanteurs livreurs invités du jour et en direct s'il vous plait, nous ont interprété un superbe "temps des cerises" (nous aurons aussi écouté pendant l'émission d'autres interprétations ... Marc Robine, Les Motivés, Charles Trenet ...)

Plat Principal

Lors de cette quasi veille du premier mai, un peu d'histoire, l'histoire du premier mai, mais aussi le temps du rationnement au temps de la Commune de Paris, des menus de l'époque ...
On aura aussi donné  une recette de clafoutis (voir en conclusion de ce post)  


Tout cela en compagnie des "Chanteurs Livreurs" . 
Ici on peut aller voir leur site internet : http://chanteurslivreurs.free.fr/

Entre la poire et le fromage.

La rubrique d' Élisabeth. 


Aujourd'hui : Le 1er mai à toutes les sauces... 

 Texte d'Élisabeth (lu par Jean, des chanteurs livreurs, François et Éric)


le 1er mai peut-il être récupéré par n'importe qui ou presque ?
ou la manifestation est-elle une grande messe ?


 Le 1er mai à la sauce américaine ?
Au IVe congrès de l'American Federation of Labor, en 1884, les principaux syndicats ouvriers des États-Unis se donnent deux ans pour imposer aux patrons une limitation de la journée de travail à huit heures. Ils ont choisi de débuter leur action un 1er mai parce que beaucoup d'entreprises américaines entamaient ce jour-là leur année comptable.

Arrive le 1er mai 1886. Grâce à la pression exercée par leurs actions syndicales, environ 200 000    travailleurs obtiennent immédiatement satisfaction de leur employeur. Mais d'autres, moins chanceux, au nombre d'environ 340.000, doivent faire grève pour forcer leur employeur à céder.
Le 3 mai 1886, une manifestation fait trois morts parmi les grévistes de la société McCormick Harvester, à Chicago. Une marche de protestation a lieu le lendemain et, dans la soirée, tandis que la manifestation se disperse à Haymarket Square, il ne reste plus que 200 manifestants face à autant de policiers. C'est alors qu'une bombe explose devant les forces de l'ordre. Elle fait une quinzaine de morts dans les rangs de la police.
Trois syndicalistes anarchistes sont jugés et condamnés à la prison à perpétuité. Cinq autres sont pendus le 11 novembre 1886 malgré des preuves incertaines (ils seront réhabilités plusieurs années après). Sur une stèle du cimetière de Waldheim, à Chicago, sont inscrites les dernières paroles de l'un des condamnés, Augustin Spies : «Le jour viendra où notre silence sera plus puissant que les voix que vous étranglez aujourd'hui».

Trois ans après le drame de Chicago, la IIe Internationale socialiste réunit à Paris son deuxième congrès. Les congressistes se donnent pour objectif la journée de huit heures (soit 48 heures hebdomadaires, le dimanche seul étant chômé), sachant que jusque-là, il était habituel de travailler dix ou douze heures par jour.
Dès l'année suivante, le 1er mai 1890, des ouvriers font grève et défilent, un triangle rouge à la boutonnière pour symboliser le partage de la journée en trois (travail, sommeil, loisir).

Le 1er mai à la sauce des Ch'tis !
Le 1er mai 1891, à Fourmies, une petite ville du nord de la France, la manifestation rituelle tourne au drame. La troupe équipée des nouveaux fusils Lebel et Chassepot tire à bout portant sur la foule pacifique des ouvriers. Elle fait dix morts dont 8 de moins de 21 ans. L'une des victimes, l'ouvrière Marie Blondeau, qui défilait habillée de blanc et les bras couverts de fleurs d'aubépine, devient le symbole de cette journée.
Avec le drame de Fourmies, le 1er mai s'enracine dans la tradition de lutte des ouvriers européens. Les manifestations rituelles du 1er mai ne se cantonnent plus dès lors à la revendication de la journée de 8 heures. Elles deviennent l'occasion de revendications plus diverses.

Le 1er mai à la sauce léniniste
En 1920, la Russie soviétique, sous l'autorité de Lénine, décide de faire du 1er mai une journée chômée. Cette initiative est peu à peu imitée par d'autres pays...
Le 1er mai à la sauce nazie
L'Allemagne nazie va encore plus loin : Hitler, pour se rallier le monde ouvrier, fait, dès 1933, du 1er mai une journée chômée et payée.

1936 : le 1er Mai à la sauce du Front po­pulaire
Dans l’histoire du 1er Mai l’année 1936 est certainement une des plus importantes. Plusieurs événements vont la marquer. D’abord dès le mois de mars se tient du 2 au 6 mars le congrès au cours duquel la Cgt se ré­unifie. Ensuite la manifestation du 1er Mai tombe deux jours avant les élec­tions législatives qui vont porter au pouvoir les forces politiques du Front populaire. Enfin après un mouvement de grève mémorable sont signés en juin les accords de Matignon qui léga­lisent la semaine de quarante heures, les congés payés ainsi que les conven­tions collectives. L’année suivante le 1er Mai 1937 aura lieu sans doute la plus grande manifestation jamais or­ganisée en France.

Le 1er mai à la sauce pétainiste
Si la notion de fête du Travail n’est pas une invention de la génération des années quarante puisqu’on trouve cette formule sous la plume de Jules Guesde dès 1890, c’est bien le gouvernement de Vichy qui fait du 1er mai 1941, par la loi Belin, un jour chômé et payé. Pétain espère ainsi se rallier une partie de la classe ouvrière. Le 1er mai devient « la fête du Travail et de la concorde nationale ».
L’idée de légaliser cette journée de manifesta­tion internationale sera reprise à la Libération mais avec un tout autre but que la promotion de l’ordre corpora­tiste.

1947 : journée chômée
En avril 1947, sur proposition du dé­puté socialiste Daniel Mayer et avec l’accord du ministre du Travail, le communiste Ambroise Croizat, le 1er mai devient dans toutes les entreprises publiques et privées un jour chômé et payé. Cependant le 1er mai ne sera pas assimilé à une fête légale.

Le 1er mai à la sauce interdite
1954 : les manifestations sont interdites
Alors que la guerre d’Indochine se termine pour les autorités françaises avec la partition du Vietnam, une autre guerre, une guerre sans nom com­mence en Algérie. Elle va durer huit ans.
Dès lors les manifestations seront interdites dans Paris. Celle du 1er mai 1954 se transformera en un rassem­blement sur la pelouse de Reuilly.

1968
Après près de quinze ans d’interdiction de défiler à Paris, la CGT décide pour le 1er mai de reconquérir les rues de Paris en lançant un appel à manifester de la République à la Bastille. Ce jour-là, près de cent mille travailleurs défilent dans les rues faisant la démonstration que les conditions sociales de l’explosion à venir étaient réunies.

Après 1968

Le 1er mai à la sauce vietnamienne
La manifestation la plus impor­tante de l’après-mai 1968 fut proba­blement celle de 1975, qui fut prétexte à fêter la fin de la guerre de Vietnam.
Pour le 1er mai, le rata du soldat à la sauce féministe
Dans cette période, les manifestations du 1er mai sont également marquées par les mobilisations des  appelés du contingent qui défilent masqués avec le slogan « soldat, sous l'uniforme, tu restes un travailleur » et par les mobilisations féministes qui veulent intégrer le cortège mais sont refoulées avec violence par le service d'ordre musclé et macho de la CGT !
Elles verront aussi leurs cortèges s'étoffer par la participation des travailleurs émigrés, qui avaient souvent été réprimés ou interdits de manifester dans leurs pays d'origine.

1988 : ne pas laisser la rue à l'extrême-droite
Le 1er mai à la sauce unitaire antifasciste
Alors que précédemment, l'extrême-droite défilait à Paris le 8 mai, jour de la fête de Jeanne d'Arc, en 1988, Le Pen annonce son intention de se mobiliser le 1er mai. Depuis plusieurs années, les cortèges syndicaux sont faibles et divisés. A l'annonce de Le Pen, des militants et militantes, se remémorant l'histoire du nazisme et de son implantation dans le milieu ouvrier, entendent protester fermement et ne pas laisser la rue à l'extrême droite. Une pétition pour un 1er mai unitaire est lancé et recueille très rapidement des milliers de signatures. Les organisations syndicales modifient leurs trajets de manifestation : la CFDT, la FEN et Force ouvrière qui avaient prévu de manifester ensemble le matin le long du boulevard Barbès prolongent leur parcours jusqu'à la Nation et la CGT qui avait prévu de défiler de République à Opéra prend comme point de départ la place de la Bastille. Les pétitionnaires appellent alors à participer aux deux trajets et, sous une pluie battante, ils entraînent une bonne partie du cortège matinal de Nation à Bastille jusqu'à l'Opéra.
Parmi ceux-ci, à la fin de 1'année 1988, ils seront nombreux à être exclus de la CFDT, notamment dans le secteur des PTT et de la santé. Les raisons officielles avancées par la direction confédérale pour justifier cette exclusion seront les mobilisations des « camions jaunes » aux PTT et des infirmières mais les désaccords étaient nombreux et anciens ; la mobilisation réussie des unitaires lors du 1er mai a sans doute fait peur à la direction de la CFDT.

2002 : un entre-deux tour électoral mémorable
Le 1er mai à la sauce politicienne
En raison du score du Front national qui le place en seconde position face à Jacques Chirac, ce 1er mai prend une coloration beaucoup plus politicienne que revendicative et rassemble beaucoup plus de manifestants que les autres années.

Et en 2013 ? Le 1er mai à la sauce internationale et solidaire !
Quelles revendications et quelles mobilisations face à un gouvernement de gauche clairement libéral ou une Europe qui nivelle les situations par le bas, un patronat revanchard, des financiers toujours plus gourmands et une mondialisation du capital, bien éloignée de l'Internationale des luttes et des solidarités ?

Les militants-es s'interrogent parfois quant à l'utilité de ce rituel : on voit bien quelle part de notre histoire le 1er mai porte de façon réelle tout autant que symbolique. Ne nous laissons pas embobiner par les découragés, les passifs ou les cyniques et continuons à lutter, le 1er mai et tous les autres jours, jusqu'à l'abolition de l'exploitation capitaliste et de ses alliés, le nationalisme, les religions, le patriarcat, etc... Nul doute que les salariés.es en lutte pour leurs emplois ou les populations revendiquant plus de liberté seront dans les rues !

Mais ne goûtez surtout pas le 1er mai à la sauce muguet : c'est un toxique violent !

Pour en savoir plus

  • Maurice DOMMANGET. Histoire du 1er mai. Rééd. : Marseille, Le mot et le reste, 2006, 520 p. 
  • Danielle TARTAKOWSKY. La Part du rêve. Histoire du 1er mai en France, 2005, Hachette, 320 p.

Recette 

 Un clafoutis aux cerises évidemment ! qu'on trouvera sur la page des "recettes de ndnmq"

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire